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Marie Toussaint est élue tête de liste des Écologistes aux prochaines élections européennes 2024 en remportant 59,5% des suffrages.

DISCOURS D’INVESTITURE DE MARIE TOUSSAINT LE LUNDI 10 JUILLET

Seul le prononcé fait foi.

Je suis très émue.

Je veux dire 3 fois merci.

Mon premier merci sera pour les militantes et les militants qui m’ont témoigné leur confiance. Je veux leur dire que je ferai tout pour être digne de la confiance qui m’est accordée aujourd’hui.

Merci à toutes et tous: c’est ensemble que nous sommes une force puissante.

Mon second merci sera pour David Cormand. Le parti lui doit beaucoup. Je connais son abnégation et sa solidité. Je lui dis merci pour ses qualités politiques mais aussi pour ses qualités d’homme. La vie nous a joué un drôle de tour en nous mettant en compétition. Celle ci a été digne et franche.

Mes années de militantisme m’ont enseigné que rien de grand ne se bâti en solitaire, et que rien n’est impossible à qui sait rassembler.

Alors David, cette campagne nous allons la faire ensemble.

Je veux enfin, dire un mot plus personnel, pour dire que je pense à mes parents et que je les remercie infiniment de m’avoir transmis les valeurs qui me forgent. C’est mon troisième merci, celui qui vient de plus loin.

Personne ne vient de nulle part. Mon engagement est le fruit d’une histoire. Je suis née de parents militants à ATD Quart Monde.
La bataille qui s’ouvre, je la mènerai en pensant à ma mère. Je la mènerai en pensant à là d’où je viens, aux tours de la cité des aubiers, aux vies brisées, à la haine qui détruit. Je la mènerai auprès de chacune et chacun, sans préjugé, et je mettrai un point d’honneur à ce que les écologistes se battent pour une Europe du vivant, mais aussi d une Europe de la justice

Je sais que la campagne sera difficile, peut être même violente, mais je pense que nous sommes capables d’aller chercher un bon score avec les dents. Cette campagne sera collective, animée par des femmes et des hommes dont le parcours est constitué de mobilisations.

Vous connaissez nos députées sortantes et nos députés sortants. Au parlement, des combats, nous en avons mené, et nous en avons gagné. Tandis que les libéraux souhaitaient restreindre le Green Deal à une série d’objectifs environnementaux insuffisants eût égard à l’accélération de la crise environnementale, nous avons arraché des lois importantes. Contre la déforestation, pour une gouvernance extra-financière des entreprises, pour un devoir de vigilance ambitieux. Ou encore, lorsque le Parlement européen a adopté, le 29 mars dernier, à l’unanimité, ma proposition d’inscrire l’écocide dans le droit européen.

Le combat continue.

La campagne à venir est déterminante: elle fixera les contours du rapport de force politique au Parlement européen, dans un moment charnière pour l’histoire de notre continent, qui est confronté aux grands périls des guerres, du dérèglement climatique, de l’explosion de la précarité́.
En France Marine Le Pen est aux portes du pouvoir. En Italie Meloni a déjà gagné. Si nous voulons résister aux force de la haine qui montent partout en Europe, nous avons le devoir d’être forts.
Nous devons constituer le pôle de l’espoir européen. L’Europe n’est pas parfaite: elle a trop cédé au marché et pas assez garanti un idéal de justice. Mais elle mérite d’être défendue à l’heure où elle est menacée par la montée des égoïsmes et du désespoir.

Nous devons tout à la fois réaffirmer une Europe terre des droits et libertés face à ceux qui se rendent coupable de non-assistance à humanité en danger en Méditerranée, s’en prennent aux droits des femmes et créent des zones de non-droit pour les personnes LGBTQI+, et contrer ceux qui ont pris la nature pour cible afin de préserver les profits des agro-industriels et des extractivistes, menaçant ainsi notre survie.

C’est simple : si nous ne sommes pas en mesure d’envoyer siéger une force écologiste puissante lors de la prochaine mandature, alors le Green Deal est condamné. Il est pourtant plus que jamais nécessaire.
L’oikos (la maison) est menacée par notre nomos (nos règles).

Notre maison-terre est menacée par les règles édictées par un capitalisme financiarisé à outrance, obsédé́ par l’ultra court terme, et qui postule une croissance infinie dans un monde pourtant fini. Il faut se battre pour changer les règles: c’est le sens du combat planétaire initié devant les tribunaux par la société civile.
Il faut donc agir politiquement à la bonne échelle. L’Europe est l’épicentre de cette bataille. Il nous faut nous battre pour que le tout marché ne soit pas la ligne d’horizon du projet de l’Union européenne, qui n’a pas été initialement construite pour offrir des bénéfices infinis à une poignée d’actionnaires, mais pour que les peuples du continent qui avaient tant souffert des déchirements des guerres retrouvent paix et prospérité.
l’Europe doit réencastrer son économie dans le respect des limites planétaires. Le combat pour une autre économie est la mère de toutes les batailles. C’est une question de survie. Cela demande notamment d’articuler protectionnisme vert, mutation de l’appareil industriel européen, géopolitique du climat et des ressources, transition énergétique, défense conjointe des droits de la nature et des droits sociaux.

La tâche est immense et il n’y a donc pas une minute à perdre.

Notre combat est global et défend d’un même tenant les droits de la nature et les droits sociaux. Notre Europe doit avoir pour ambition de tourner le dos à la misère en faisant de la lutte contre la pauvreté et les inégalités une colonne vertébrale. Et plus que jamais, nous devons défendre une Europe du vivant. Il faut engager la sortie de la civilisation des toxiques, reconnaître les droits de la nature, et adopter un traité environnemental qui fasse de la protection du vivant la règle des règles.
Pas question de faire je ne sais quelle pause réglementaire. La pause, nous en vivons déjà les ravages. La guerre en Ukraine, qui a pourtant révélé toutes les fragilités d’un modèle assis sur des dépendances, est venue percuter l’ambition de la transition écologique. Cette guerre aurait pu être le point de basculement vers la sobriété et le partage. Elle a surtout marqué un coup d’arrêt dans la mutation de nos économies.
Alors à Emmanuel Macron qui dit aujourd’hui que nous avons besoin d’une « pause », je réponds que la vie s’éteint, que l’injustice tue, et que le temps manque.

Nous devons constituer le pôle de l’espoir européen. L’Europe n’est pas parfaite: elle a trop cédé au marché et pas assez garanti un idéal de justice. Mais elle mérite d’être défendue à l’heure où elle est menacée par la montée des égoïsmes et du désespoir.

Notre cap est clair. Je n’en dévierai pas.
1 Affirmer la singularité du projet écologiste en Europe face au greenwashing macroniste. Nous n’accepterons pas les leçons de la part de ceux que nous avons fait condamner pour inaction climatique. Je le répète, la mère de toutes les batailles est de réencastrer l’économie dans les limites planétaires, et c’est pour ça que je demande un traité environnemental qui fasse de la protection du vivant la règle des règles. On va mener bataille pied a pied contre les illusions et les mensonges d’Emmanuel Macron. Avec calme et fermeté.

2 Combattre frontalement l’extrême droite et son influence sur la question des valeurs, mais aussi démasquer son double jeu sur les intérêts des classes populaires. Pas question de leur laisser un pouce de terrain: oui nous ferons campagne en affirmant que nous sommes pour une Europe des droits et des libertés pour touts et tous. Avec détermination et combativité.
3 Refuser la guerre des gauches. Pour nous, l’Europe n’est pas une variable d’ajustement, et les élections européennes ne sont pas un marchepied vers la présidentielle. Voilà ce que nous devons expliquer à nos partenaires de la NUPES, en prenant au sérieux nos différences et nos convergences sur les enjeux européens. Car oui il existe des convergences. Sinon comment expliquer que nous soyons disposés demain à imaginer gouverner ensemble?
Je ne suis pas candidate pour dilapider le capital politique de l’unité a coup de petites phrases assassines qui ne construisent rien et détruisent tout. Je ne suis pas pour refaire le coup des gauches irréconciliables, on a vu ou ça nous a mené. On peut diverger sans se déchirer.

La NUPES est précieuse. Elle a représenté un espoir et une stratégie de protection pour des millions de citoyennes et de citoyens. C’est un bouclier politique contre la montée des extrêmes: raison de plus pour ne pas la transformer en champs de bataille permanent. Ça veut aussi dire que je demanderai aux partenaires le respect. Respect de nos décisions, respect de notre culture, respect de notre souveraineté politique.

Voila ce que je voulais vous dire ce matin. Nous aurons bien évidemment très vite d’autres rendez vous. Je pars à Strasbourg me battre avec mes amis écologistes et Greta Thunberg pour l’adoption de la loi de restauration de la nature.
A très vite, le combat continue.