L’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) communique:
Genève, 6 février 2019 –
Il est désormais confirmé que les années 2015, 2016, 2017 et 2018, qui s’inscrivent clairement dans la tendance au réchauffement sur le long terme causée par les concentrations atmosphériques records de gaz à effet de serre, sont les quatre années les plus chaudes jamais enregistrées.
Après avoir fait la synthèse des cinq principaux jeux de données internationaux, l’Organisation météorologique mondiale a constaté que la température moyenne à la surface du globe en 2018 dépassait de quelque 1,0 °C (avec une marge d’erreur de ±0,13 °C) celle de l’époque préindustrielle (1850-1900). Cette année se classe au quatrième rang des plus chaudes qui aient été constatées.
Avec 1,2 °C de plus qu’à l’époque préindustrielle, l’année 2016, marquée par l’influence d’un puissant Niño, conserve le statut d’année la plus chaude. En 2015 et 2017, l’écart de la température moyenne par rapport aux valeurs préindustrielles était de 1,1 °C. Il est quasiment impossible de départager ces deux années car la différence de température est inférieure au centième de degré, soit moins que la marge d’erreur statistique.
Comme le souligne le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, «il est bien plus important d’examiner l’évolution à long terme de la température, qui accuse une tendance à la hausse, que d’opérer un classement entre les différentes années. Les 22 dernières années comptent les 20 années les plus chaudes jamais enregistrées, et le rythme du réchauffement constaté ces trois dernières années est exceptionnel, tant à la surface des terres que dans l’océan».
«Les températures ne représentent qu’une partie du problème», a poursuivi M. Taalas. «Les phénomènes météorologiques extrêmes ou à fort impact ont frappé une multitude de pays et des millions de personnes l’année dernière, avec des conséquences désastreuses pour les économies nationales et les écosystèmes.»
«Nombre de ces phénomènes météorologiques extrêmes s’inscrivent dans la logique d’un climat en évolution», a-t-il ajouté. «C’est une réalité à laquelle nous devons nous confronter. La communauté internationale doit donner la priorité absolue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et aux mesures d’adaptation au climat.»
Moyennée à l’échelle du globe, la température en 2018 a dépassé de quelque 0,38 °C (±0,13 °C) la normale de la période 1981-2010 (estimée à 14,3 °C). Les Services météorologiques et hydrologiques nationaux utilisent cette période de référence de 30 ans pour déterminer la moyenne sur le long terme et la variabilité interannuelle des principaux paramètres climatiques, par exemple la température, le vent et les précipitations, auxquels sont sensibles des secteurs comme la gestion de l’eau, l’énergie, l’agriculture et la santé.
L’OMM publiera en mars sa déclaration sur l’état du climat mondial en 2018, qui contiendra des informations détaillées sur la variabilité et l’évolution des températures, les phénomènes à fort impact ainsi que l’accroissement des concentrations de dioxyde de carbone, l’évolution de la banquise arctique et antarctique, la hausse du niveau de la mer et l’acidification des océans, entre autres indicateurs clefs du changement climatique.
Se fondant sur les renseignements communiqués par un large éventail d’organismes onusiens, cette déclaration fait état des conséquences du changement climatique pour la société, l’économie et l’environnement et s’inscrit dans le cadre d’un projet, conçu à l’échelle du système des Nations Unies, visant à fournir aux décideurs des informations plus complètes, de nature à orienter les politiques, sur les interactions entre les thématiques du temps, de l’eau et du climat et les objectifs mondiaux en matière de développement fixés dans le cadre des Nations Unies.
On remarquera que 2019 ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices.
L’Australie a connu le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré, marqué par des vagues de chaleur d’une durée et d’une ampleur sans précédent. C’est aussi le plus sec, depuis le début des relevés, qu’ait connu la Tasmanie, qui a été frappée par des feux de brousse destructeurs. Sur une grande partie du territoire australien, les conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies deviennent plus fréquentes au fil des ans tandis que la saison à risque a tendance à durer plus longtemps, selon le Bureau météorologique australien.
Les vagues de chaleur intense ont elles aussi tendance à se multiplier à la faveur du changement climatique.
En janvier, alors qu’une chaleur extrême sévissait dans l’hémisphère austral, une vague de froid intense s’abattait sur une partie de l’Amérique du Nord.
«La vague de froid dans l’est des États-Unis d’Amérique ne vient certainement pas contredire la réalité du changement climatique», a souligné M. Taalas. «L’Arctique se réchauffe à un rythme deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, et une quantité de glace considérable a déjà fondu. Ces changements se répercutent sur les régimes météorologiques de l’hémisphère Nord en général, où les anomalies froides constatées sous des latitudes plus basses pourraient être liées, pour certaines, aux bouleversements survenus dans l’Arctique. Ce qui se passe aux pôles ne reste pas cantonné aux pôles mais influence les conditions météorologiques et climatiques dans d’autres régions, où vivent des centaines de millions de personnes.»
Notes aux rédacteurs
C’est en 1850 qu’ont débuté les relevés systématiques de température.
L’OMM utilise les jeux de données (fondés sur les relevés climatologiques mensuels issus des systèmes mondiaux d’observation) émanant de l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA), du Goddard Institute for Space Studies (GISS) de l’Administration américaine pour l’aéronautique et l’espace (NASA) ainsi que du Centre Hadley du Service météorologique britannique et de la Section de recherche sur le climat de l’Université d’East Anglia (Royaume-Uni).
Elle a aussi recours aux jeux de données de réanalyse émanant du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) et de son service Copernicus de surveillance du changement climatique, ainsi que du Service météorologique japonais. Elle peut ainsi combiner des millions de données d’observation météorologique et océanique, y compris par satellite, avec les résultats de modèles de façon à obtenir une réanalyse complète de l’atmosphère.