Après Marrakech, voici une revue de presse climat un peu anticipée pour coller à la riche actualité autour de la COP22 qui s’est terminée hier. Dans l’actualité climat des dernières semaines, retrouvez donc :
1/ Les enjeux de la COP22, en résumé :
– A Marrakech, la COP22 à l’épreuve des faits – Le Monde – 4 novembre ; où l’on revient sur le process de la COP21 à la 22, et sur les enjeux majeurs de cette COP : préciser les conditions de mise en œuvre de l’accord ; accélérer les efforts des Etats ; avancer sur les questions de financement et d’adaptation. (voir l’abécédaire pour une liste plus exhaustive).
2/ … Et sa conclusion bien sur controversée :
– Les ONG globalement déçues par la COP22 – La Croix – 18 novembre ; où l’on se penche sur la réaction des ONG françaises qui de façon générale critiquent le manque d’ambition et d’engagement nouveau des Etats, et leur tendance à « se décharger de leurs responsabilités sur les acteurs non étatiques ». > Dans le détail, le Réseau Action Climat critique la légèreté des États, surtout les plus développés, qui n’ont rien apporté de nouveau à Marrakech ; Attac France dénonce des promesses qui s’éloignent de plus en plus et une démission des États vers le secteur privé avec la croyance qu’il va tout régler ; et le CCFD, le Secours Catholique et Action contre la faim déplorent spécifiquement les blocages sur l’agriculture et la démission sur le sujet des États au profit d’initiatives privées.
> La fin de la COP, c’est aussi l’occasion de déclarations de Marrakech, celle de la société civile mobilisée en marge de la COP qui pose plusieurs exigences pour rester sous la barre des +1,5°C, et celle des États qui réaffirment leurs engagements de la COP21 sans en apporter toutefois de nouveaux.
3/ Du côté des États, annonces variées et recherche de leadership :
– COP22 : climat en danger cherche leadership désespérément – Novethic – 15 novembre ; où la question du leadership mondial sur le climat se repose suite à l’élection de Trump, aucun État ni zone n’ayant l’air de s’y être préparé ni de vouloir ou pouvoir particulièrement relancer la dynamique.
– À la COP22, l’échéance 2050 joue les cache-misères – Euractiv – 17 novembre ; où l’on s’intéresse aux stratégies bas carbone à horizon 2050 déposées par plusieurs États, villes et entreprises pendant la COP, qui ont du mal à convaincre car ne relevant pas les ambitions à court terme.
Dans le détail pour plusieurs États :
– L’Europe pourrait être un acteur reprenant une part du leadership, mais un rapport de l’Iddri tout juste paru pointe le fait qu’elle « n’est actuellement pas « sur les rails » pour atteindre ses objectifs d’ici 2030 et 2050« , et que la question de la répartition de l’effort n’est toujours pas réglée. Pire, de nouvelles révélations montrent qu’elle prépare un paquet législatif « qui pourrait subventionner de nouvelles centrales à charbon, et affaiblir les renouvelables en Europe »…
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Une quarantaine d’États du sud, les plus menacés par les conséquences du dérèglement climatique et réunis dans le « Climate vulnerable forum » se sont en fin de COP engagés « à mettre fin aux énergies fossiles et à atteindre 100% d’énergie renouvelable « le plus rapidement possible », soit au plus tard entre 2030 et 2050″.
– L’Arabie saoudite et l’Australie ont toutes deux tout récemment ratifié l’accord de Paris, même si la concrétisation en actes se fait attendre, comme le rappelle le classement de performance climatique par Etat.
– L’Allemagne a présenté son plan pour réduire ses émissions de CO2 « de 80 % à 95 % » d’ici à 2050, mais qui a été atténué notamment sur les volets transports et charbon, et n’est pas sans contradictions ni critiques.
– Au Canada et au Mexique, mal notés, les deux pays ont pourtant rendu leurs feuilles de route pour une stratégie bas carbone d’ici 2050.
– La COP22 était aussi censée être celle de l’Afrique : l’occasion de revenir sur plusieurs enjeux du continent, entre financements, tensions fossiles/renouvelables, électrification.
4/ Tandis que le spectre de Donald Trump plane sur les négociations…
– Climat : la lutte se poursuit, avec ou sans Washington – Libération – 15 novembre ; où l’élection de Trump porte un coup de massue aux négociateurs à la COP22, laisse de nombreuses incertitudes sur les suites de l’accord de Paris, mais a au moins poussé les autres États à réaffirmer leur attachement à l’accord.
Pour aller plus loin :
– Des militants climatiques (1) (2) et universitaires réagissent et dénoncent la tentative de minimiser l’impact de l’élection de Trump : sortie ou pas sortie de l’accord de Paris, là n’est pas le sujet, mais plutôt celui de son application qui elle est gravement compromise par l’élection de Trump. Ils en appellent à laisser de côté la prophétie auto-réalisatrice de l’accord, mener une nouvelle bataille culturelle et affective pour faire intégrer les enjeux climatiques et redoubler d’efforts dans les mobilisations citoyennes hors Cop pour le climat.
– Maigre rayon de soleil, une juge a reconnu recevable aux Etats-Unis « la plainte de 21 enfants âgés de 9 à 20 ans, qui affirment que l’État fédéral a failli à sa mission de protéger « la vie, la liberté et la propriété », des dangers du dérèglement climatique ».
5/ Focus sur deux questions centrales : financements et agriculture :
– Celle de l’agriculture : A la COP 22, l’accord sur l’agriculture en friche – Libération – 17 novembre ; où l’on se penche sur le report d’un texte sur l’agriculture qui devait être adopté à Marrakech, à cause du traditionnel conflit entre pays du sud et du nord sur la place à donner à l’atténuation et à l’adaptation… et sur les initiatives qui avancent malgré tout.
6/ Du côté de la société civile, mobilisations variées pour la justice climatique
– A Marrakech, une marche pour le climat très politique – Le Monde – 14 novembre ; où l’on revient sur la traditionnelle marche mondiale pour le climat en parallèle des COP, cette année marquée par des dissensus sur l’opposition à avoir avec le régime marocain taxé de greenwashing.
De nombreuses ONG et organisations de la société civile se sont mobilisées en marge de la COP pour y porter des plaidoyers sur des sujets touchant le climat :
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Côté religions,
plus de deux cents responsables religieux ont publié une déclaration commune pendant la COP appelant les fidèles, les emprunteurs et les États à sortir des énergies fossiles.
Le pape François a aussi spécifiquement appelé à ce que l’accord de Paris sur le climat soit mis en œuvre de façon « correcte et efficace ».
7/ Et à la COP, initiatives et coalitions économiques et financières diverses… et critiquées :
> De façon générale, « ces initiatives sont recoupées sur la plateforme Non-State Actors Zone Climate Action (NAZCA), qui répertorie plus de 12 500 initiatives, dont plus de 2 500 de la part de villes et un peu plus de 2 100 de la part d’entreprises ». Pour plus de détails sur la « finance verte », Novethic a réalisé une synthèse.
Dans le détail :
– Sur la sensibilisation générale des entreprises, l’initiative « Earth on board » cherche à convaincre les CA des grandes entreprises pour les pousser à agir, ; tandis que Caring for Climate (C4C) regroupe 453 entreprises qui « s’engagent à définir des objectifs précis pour réduire leur empreinte carbone ».
– Sur les renouvelables, l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (AREI) lancée à la COP21 continue d’avancer, ainsi que SE4All (Sustainable energy for all) qui vise à développer les partenariats public-privé pour « garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes à un coût abordable », ou encore RE100, initiative mondiale qui « vise à impliquer, soutenir et promouvoir les entreprises qui se sont engagées à utiliser à 100% les énergies renouvelables ».
– Un nouveau partenariat, co-présidé par le Maroc et l’Allemagne, a aussi été lancé le 15 novembre, qui vise à « s’assurer que les pays reçoivent le soutien technique et financier dont ils ont besoin pour atteindre des objectifs climatiques ambitieux », sous forme d’une « plateforme de collaboration essentielle pour aider les pays à intégrer leurs NDC dans tous les secteurs et à tous les niveaux de prise de décision ».
– Sur le plan du développement technologique, la « Mission innovation » des Etats et la Breakthrough Energy Coalition des acteurs privés investissent ou vont commencer à investir des milliards de dollars dans la recherche et le développement en énergies « propres ».
– L’initiative CREWS qui regroupe l’Organisation météorologique mondiale (OMM), l’ONU et la Banque Mondiale vise à mobiliser 100 millions de dollars pour aider iles et pays les plus pauvres à mieux anticiper et repérer les catastrophes naturelles.
Et dans le reste de l’actu :
– Les impacts du réchauffement climatique de plus en plus tangibles…
Les émissions mondiales de CO2 se stabilisent, mais le climat continue de s’emballer – Le Monde – 14 novembre ; où le Global Carbon Project(GCP), un consortium scientifique, montre chiffres à l’appui que les émissions mondiales de CO2 ont stagné en 2015… mais admet que les chiffres sont minimisés par manque de données fiables, et que « la stabilisation des émissions mondiales est loin de suffire aux objectifs climatiques définis par l’accord de Paris ».
– La bataille climatique autour du traité de libre-échange CETA continue : le Monde et Reporterre pointent les incompatibilités entre lutte pour le climat et cet accord, tandis qu’Alter Eco+ revient sur les péripéties récentes autour d’un « nouveau CETA » qui aurait été signé le 30 novembre après le véto wallon… et démontre que le nouveau texte n’a quasi rien de nouveau. L’Aitec revient également sur la décision de la présidence du Parlement Européen d’interdire le débat dans les commissions emploi et environnement…