L’accord de Paris va entrer en vigueur, reste maintenant à l’appliquer :
– Climat : l’Accord de Paris entrera en vigueur le 4 novembre – Actu-Environnement – 6 octobre ; où l’on revient sur le processus d’entrée en vigueur de l’accord de Paris, permis par la ratification de 73 Etats représentant 59% des émissions mondiales pour la période post 2020, et où l’on détaille en infographie les pays l’ayant ratifié.
– Accord de Paris: après la ratification, quelques idées pour vraiment agir ! – Médiapart – 5 octobre ; où Maxime Combes rappelle que malgré l’objectif de ne pas dépasser les +2°C, l’accord de Paris et les contributions des Etats nous orientent vers un réchauffement largement supérieur à 3°C, et où l’économiste balaie des pistes d’action internationales, européennes et nationales pour respecter vraiment cet objectif.
Dans le détail sur la ratification de plusieurs pays :
– Pour l’Union Européenne, la ratification a été obtenue rapidement pour garder l’image d’un leadership européen sur le climat, mais la question du partage de l’effort climatique crée encore des tensions, tandis que de moins en moins de pays sont moteurs sur la question (notamment l’Allemagne) et que les projets concrets pour le climat s’enlisent…
– En Inde, la ratification de l’accord est une bonne nouvelle mais dans les faits le pays reste dépendant au charbon sans orientation pour en sortir.
– Au Canada, la ratification a bien eu lieu mais la contribution du pays reste peu ambitieuse et rien n’est prévu pour limiter l’industrie du pétrole et des sables bitumineux, extrêmement émettrice.
Le dérèglement climatique qui va en s’aggravant…
– Climat : record de chaleur encore battu en 2016 – Actu-Environnement – 27 octobre ; où l’Organisation météorologique mondiale relève, chiffres et infographie à l’appui, que l’année 2016 battra tous les records, de chaleur mais aussi de concentration de CO2 dans l’atmosphère ou encore de température moyenne à la surface de la mer.
– L’objectif climatique de 2°C déjà presque hors de portée – Euractiv – 30 septembre ; où 6 scientifiques de renom publient un livre à charge contre l’inaction des États et le manque d’ambition et d’application des négociations internationales, rappelant que sans une action climatique forte et rapide l’objectif de rester sous les +2°C sera impossible à atteindre.
Pour aller plus loin, d’aucuns veulent travailler sur la perception que l’on a des changements climatiques, via une meilleure présentation des chiffres ou une carte montrant la provenance et les émissions de GES de notre consommation d’électricité en Europe. Plus spectaculaire, l’on peut aussi relever que le réchauffement climatique a doublé les feux de forêt aux États-Unis en 30 ans, que des villages comme en Alaska en sont à voter leur déplacement pur et simple pour éviter les effets du dérèglement climatique, ou qu’il provoque encore des invasions d’insectes avec de très lourds impacts.
Et un mois marqué par la passe d’armes autour du CETA, traité de libre-échange nocif pour le climat
– L’avenir incertain du CETA après la signature du traité – Le Monde – 30 octobre ; où l’on revient sur la signature au final du CETA le 30 octobre, après de nombreuses mobilisations, le report de la signature et le véto wallon qui a cédé ; et sur la situation après ces épisodes et les prochaines étapes incertaines vers l’adoption ou non du traité.
– Climat : les associations environnementales vent debout contre le CETA – Novethic – 14 octobre ; où l’on revient sur la critique par de nombreuses associations environnementales du CETA, qui dénoncent un traité qui permettra le développement des énergies fossiles les plus sales et dont les impacts climatiques n’ont pas été mesurés.
– Ségolène Royal vérifie si l’accord Ceta est « climato-compatible » – Le Nouvel Obs – 6 octobre ; où la ministre française de l’environnement veut « vérifier que le Ceta, négocié avant l’accord de décembre 2015 à la 21e conférence des pays membres de la Convention de l’Onu sur le climat (COP21), « contribue bien à l’objectif de maintenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°C »… traité qui a pourtant été d’ores et déjà signé par l’exécutif français.
Pour aller plus loin, Attac publie une analyse détaillée qui démontre en quoi le CETA n’est clairement pas climato-compatible.
La question du financement-climat, sujet majeur de la COP22 alors que les 100 milliards promis ne sont pas encore atteints
– Climat : des efforts supplémentaires seront nécessaires pour récolter les 100 milliards d’aide promis – Actu-Environnement – 18 octobre ; où l’OCDE publie un rapport pour clarifier la feuille de route des financements climat… qui dévoile que les 100 milliards d’aide promis, déjà contestés pour leur insuffisance, ne sont pas atteints.
– Le Fonds vert pour le climat finance 27 projets, « pour plus d’un milliard de dollars » – Le Monde – 18 octobre ; où l’ancienne directrice du Fonds vert pour le climat Héla Cheikhrouhou dans une interview dresse le bilan de ses trois années passées à la tête de l’institution, et voit d’un œil positif l’arrivée récente de fonds et les débuts du financement concret de projets pour les pays du Sud.
– Premières pistes pour orienter la finance climat vers les plus vulnérables – Actu-Environnement – 30 septembre ; où l’on se penche sur la question du fléchage des financements climat, avec le plaidoyer d’une coalition d’acteurs non-étatiques pour « faciliter l’accès au financement des acteurs locaux et des populations défavorisées, pour l’heure confrontés tant à « un manque crucial d’informations » qu’à « la complexité des montages et des compétences juridiques et financières« .
Pour mettre les choses en perspective, la Commission mondiale sur l’économie et le climat chiffre à 90 000 milliards de dollars les investissements nécessaires dans les infrastructures bas carbone dans les 15 prochaines années, tandis qu’Alain Grandjean et Mireille Martini publient un livre intitulé « Financer la transition énergétique » qui « proposent des leviers pour mobiliser à l’échelle mondiale les ressources financières nécessaires à la décarbonation de l’économie ». L’instauration d’un taxe sur les transactions financières est de plus en plus vue comme un levier de ce financement, et avance en France et en Europe.
Et la sortie des énergies fossiles… nécessaire mais loin d’être gagnée
– Climat : le gouvernement recule sur la taxe charbon – Novethic – 21 octobre ; où l’instauration d’une taxe sur l’électricité en provenance de centrales à charbon prévue au 1er janvier 2017 est finalement supprimée, « pour ne pas pénaliser les 5 centrales à charbon en France » et leurs emplois.
– Les projets gaziers européens sous le feu des critiques – Euractiv – 28 octobre ; où la Commission européenne avec l’aval du Parlement a décidé d’augmenter les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) et de gaz de schiste, mais aussi d’investir dans des infrastructures gazières en Europe, une décision très critiquée car à rebours des engagements climatiques de l’Union européenne.
– Et maintenant il faut sortir des énergies fossiles – AlterEco+ – 30 septembre ; où Nicolas Haeringer et Maxime Combes rappellent que l’industrie fossile reste subventionnée à hauteur de 5 340 milliards de dollars par an, mais aussi le dernier rapport d’Oil Change international et l’impératif de sortir rapidement des énergies fossiles pour rester sous la barre d’un réchauffement de +2°C.
Et pour aller plus loin, 350.org revient sur un bilan de 3 ans de mobilisations mondiales des citoyens pour le désinvestissement des énergies fossiles… tandis que l’une d’elle prend de l’ampleur en Dakota du Nord, où tribus indiennes, écologistes et défenseurs des droits des Amérindiens s’unissent pour bloquer un projet d’oléoduc, parfois avec humour !
Et en bonus :
– Les mobilisations s’organisent vers la COP22 à Marrakech : c’est le cas de l’Odyssée des alternatives qui poursuit son périple méditerranéen et ses échanges contre les inégalités devant le changement climatique, mais aussi de l’initiative Kick Big Polluters Out qui cherche à expulser l’industrie des combustibles fossiles de la COP22, de la société civile africaine francophone qui a publié ses attentes vis à vis de la COP22 et pour la justice climatique ou encore de Nicolas Hulot interviewé à ce sujet.
Sur place, le Maroc semble multiplier les gestes symboliques ou moins symboliques pour faire de la COP22 un événement exemplaire sur le plan environnemental.
– Avancées et contradictions des entreprises privées : tandis que le Crédit Agricole et la Société Générale se sont engagés en France à ne plus financer le charbon, que plusieurs investisseurs ont appelé le secteur automobile a réduire ses émissions ou que BP a renoncé à forer dans la grande baie australienne, l’ONG américaine Union of Concerned Scientists (UCS) relève que les plus grandes entreprises pétrolières et charbonnières « continuent à dénigrer la science du climat et à saper le sentiment d’urgence à agir – soit directement, soit à travers les associations et groupes qu’elles soutiennent”, ou encore que les fuites de méthane de la production pétrolières sont bien plus importantes qu’annoncé… Un rapport montre également qu’au niveau français comme international, de plus en plus d’entreprises prennent en compte le changement climatique dans leur stratégie, mais insuffisamment au regard des enjeux.
– L’impact de l’aviation et du commerce maritime, avec notamment l’Assemblée générale de l’Organisation de l’Aviation civile internationale qui a refusé de réduire la croissance du secteur et mise sur la compensation carbone, tandis qu’en France la mobilisation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes s’enracine. Côté marin, la réunion fin octobre de l’Organisation maritime internationale a, sous la pression, adopté quelques mesures restrictives des carburants le plus polluants des navires commerciaux, mais aucun engagement pour réduire les émissions de ce secteur.
– Un concours de bêtise et/ou de malhonnêteté climatique, entre le chroniqueur Olivier Postel-Vinay qui nie les conclusions du Giec, Nicolas Sarkozy qui considère que le dérèglement climatique est dû à la natalité forte de l’Afrique en désaccord avec tous les chiffres d’émissions/habitant, l’ex-commissaire européenne au climat Connie Hedegaard qui rejoint le groupe Volkswagen en plein dieselgate… et les grands vainqueurs, les frères Bogdanov qui estiment que le dérèglement climatique est un problème réglé car il suffira de transformer la chaleur en lumière et de l’envoyer dans l’espace !
– Le climat dans la présidentielle aux États-Unis, ou plutôt absent des débats, avec d’un côté Trump qui « promet de relancer l’industrie du charbon, de détricoter toutes les réglementations environnementales, de supprimer l’Agence américaine de protection de l’environnement, et de revenir sur l’Accord de Paris », et de l’autre Clinton qui veut certes développer les renouvelables mais reste floue voire silencieuse sur la sortie des énergies fossiles, une taxe carbone, la fracturation hydraulique ou encore le projet Keystone XL…
– Le cinéma revient dans la bataille climatique, avec un documentaire de Léonardo Di Caprio tout juste sorti (et en accès libre jusqu’au 5 novembre) pour alerter sur le réchauffement climatique et inciter les citoyens à agir. Dans un autre genre, un film est en préparation en France intitulé « Irrintzina, le cri de la génération climat« , qui revient sur les mobilisations nées en France à l’occasion de la Cop 21, et sortira en 2017.
– L’action locale pour le climat, avec le plaidoyer des maires de grandes villes pour se voir « confier plus de pouvoir financier à leurs villes pour qu’elles les aident à tenir leurs engagements climatiques », et prenant acte du bilan du Carbon Disclosure Project (CDP) qui relève qu’au moins « 190 villes dans le monde se sont déjà engagées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ». En France, plusieurs réseaux de collectivités, le RAC et plusieurs députés plaident pour financer l’obligation d’élaborer un plan climat-air-énergie territorial (PCAET) des collectivités avec un prélèvement sur les taxes sur les énergies fossiles.
– Des signaux contradictoires sur le développement des renouvelables : l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que les énergies renouvelables vont se développer plus vite que prévu d’ici 2021 si elles ont du soutien des politiques publiques, tandis que l’université Stanford affirme, étude à l’appui, que « le 100% énergie renouvelable est possible pour le monde… et la France ». Pourtant, l’Union européenne prend de plus en plus de retard dans le secteur.
– La place du nucléaire en France qui demeure, avec la programmation pluriannuelle de l’énergie enfin publiée qui passe sous silence la réduction du nucléaire et la renvoie à l’après quinquennat… Début octobre, une manifestation rassemblait des milliers de personnes à Flamanville pour la sortie du nucléaire.
– La disparition progressive des hydrofluorures, gaz à effet de serre extrêmement puissants, décidée via un accord le 14 octobre à Kigali et qui est présentée comme « La plus importante réduction de températures jamais atteinte par un seul accord ».
– Agriculture, alimentation et climat, avec l’alerte de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui dans un rapport prévient que « Sans action immédiate, le changement climatique constituera une menace pour des millions de personnes qui risquent de souffrir de la faim et de la pauvreté ». Oxfam alerte de son côté dans un rapport sur les méfaits cachés de la politique européenne de soutien aux agrocarburants, et sur la place des lobbies du secteur. Plus léger, des chefs cuisiniers français se sont réunis début octobre pour parler du développement de la « gastronomie bas-carbone » et des moyens pour faire évoluer nos pratiques culinaires.
Victor Vauquois